22 juil. 2020

Perdu au pays des merveilles de Nerikomi - Rencontrez la céramiste Yuko KURAMATSU.


Depuis le début de sa vie en tant que céramiste, Yuko a déjà fait des rencontres qu'elle n’osait imaginer, toujours riches, excitantes et joyeuses. Et elle a eu aussi des interview dans de différentes occasions. Elle aimerait bien vous en partager ici… puisque cela peut être, peut-être, intéressant ?!… Ou pas ?!… ^-^

1. Peux- tu présenter un peu ton parcours ? Pourquoi la céramique ?

J’aime utiliser mes mains pour créer des choses depuis toute petite, je me sens profondément heureuse, je m’épanouie pleinement et oublie le temps quand je suis dans une activité créative.

Concernant les formations (les études), j’étais professeur des écoles au Japon, en ayant aussi un diplôme du japonais langue étrangère. Un beau jour, je débarquais en France, commençais à apprendre le français, puis je suis devenue professeur de japonais, traductrice-interprète etc. Ma passion de travaux manuels servaient toujours pour ma vie professionnelle, comme montrer et faire ensemble de l’origami avec mes élèves.

La poterie me fascinait toujours mais la rencontre avec Dany Souriau, céramiste française près de Poitiers, a changé ma vie !! J’étais fascinée par le tournage, et j’ai beaucoup appris grâce à Dany. Mon envie de progresser, ma passion pour la poterie étaient tellement fortes que même dehors de son atelier aussi je n’arrêtais pas de me documenter et tester différentes choses. Ainsi, j’ai découvert cette technique “Nerikomi” et très vite, je m’y suis complètement plongée, à l’aide des infos récoltées sur internet notamment. Et j’ai fini par faire des stages au Japon chez Eiji Murofushi, spécialiste de Nerikomi.

La céramique est incroyablement divers et complexe au niveau des savoir faire, il y a plein de choses à maîtriser pour faire juste un bol. C’est fascinant et passionnant ! Et une fois cuit, une pièce pourrait être presque éternelle... c’est fantastique !


2. Quelle est l’étape la plus difficile dans la technique « Nerikomi » ? Qu’est-ce qui te passionne dans cette technique ?


La plus difficile... c’est le séchage. Cela ne dépend pas vraiment de moi, c’est pour cela que c’est difficile !! Il y a beaucoup de casses pour cette étape malgré beaucoup de précautions. Les conditions changent tous les jours, selon la météo et plein d’autres choses.

Ce qui me passionne dans cette technique, c’est de modeler des motifs. Ce que vous voyez sur mes pièces comme dessin, c’est le résultat d’assemblage des petits morceaux de porcelaine colorée préalablement. Créer des dessins avec le modelage, c’est très excitant. Très souvent, c’est très mathématique et minutieusement calculé, et d’autres fois très spontané, les porcelaines teintées se transforment dans mes mains. Et quand je tranche mes cannes rassemblées, enfin le motif final apparait. C’est un moment de découverte magique.


3. D’où vient tes inspirations ?


Je fais des motifs japonais traditionnels : asanoha, écailles de tortue, fleurs de prunier, sept trésors etc. Ils sont plutôt simples et répétitifs graphiquement, mais non pas si simple pour en faire en nerikomi. Vous devez déjà en connaitre plusieurs sans savoir forcément. Ce qui est donc intéressant pour moi, c’est de vous communiquer les significations et les souhaits des anciens cachés derrières ces motifs, grâce à mes pièces.

Autrement, j’ai envie d’apporter un peu de joie et de sourire autour de moi, aux gens et dans nos vies. Quelque chose de doux et apaisant, mais aussi surprenant “wow !” à la fois. Voilà mes choix de couleurs et de motifs.


4. Peux-tu nous parler un peu de tes différentes collections ? Dans quelle circonstance qu’elles ont été créées ?


Oh ! Il y en a qui m’ont été transmis par M. Murofushi, comme fleurs de prunier. J’adore ce motif, parce qu’il est très bien résumés figurativement ; cinq pétales petits et ronds, avec une dégradé de couleur : les bords plus foncés mais la couleur devient légère au centre de la fleur, et ne ratez pas les pistils ! Et surtout je le trouve très joli quelque soit la couleur utilisée. Et j’aime aussi l’histoire ; avant les fleurs de cerisier, c’est la fleur de prunier qui était “la fleur japonaise” dans l’histoire. On peut constater cette fleur partout, sur un kimono, sur un éventail etc., très souvent avec le pin et le bambou. Ce trio est le symbole d’augure même aujourd’hui. Il existe beaucoup d’espèces de prunier, mais ce sont des fleurs qui donnent des boutons quand il fait encore bien froid. Ces petits bouts de rose, rouge ou blanc annonçaient aux Japonais depuis tellement longtemps l’arrivée du printemps. J’ai un sentiment spécial avec ce motif à cause d’une autre raison. En effet, mon mentor de Nerikomi, Murofushi a quitté ce monde ce printemps (en 2019) avant d’avoir ses 60 ans, c’est le motif qu’il m’a montré lors qu’on s’est vus pour la dernière fois. Présenter ce motif loin du Japon avec l’histoire japonaise, cela me permet de faire perdurer sa volonté de faire connaitre cette technique Nerikomi.

Sinon, un autre exemple tout à fait différent, concernant ma collection “Écaille de tortue”. C’est plutôt simple par rapport aux autres motifs, alors j’avais une appréhension pour le premier essai. Est-ce ça vaut le coup ? Pas trop simple ? C’est pas culot un peu ? Oses-tu ? Je pourrais vraiment proposer ça à coté de motifs plus travaillés ?... Mais j’avais trois couleurs devant moi, allez, ça fait une sorte de témoins de couleur ! Hop !... Tiens ?... Oh, tiens tiens tiens... C’est pas mal, finalement ! La simplicité n’est pas forcément mauvaise !! Le jeu de couleurs est tellement intéressant dans ce motif. Il est devenu finalement un des standards comme collection.


5. Peux-tu choisir trois mots pour décrire tes créations ?


Doux, joie, petit bijou... ^-^